
Bonne question, merci de l'avoir posé.
C'est simple :
- Hélez un taxi noir et blanc depuis le trottoir,
- Tentez de prononcer le nom de votre hôtel avec un pseudo accent arabe,
- Montrez l'hôtel sur la carte de la ville que vous avez soigneusement rangée dans votre sac,
- Montez dans le taxi,
- Attendez que le chauffeur de taxi demande à un de ses compatriotes les explications pour vous amener à votre hôtel.
Là, vous, vous dites, c'est bon il a compris. Dans 5 mn on y est. Vous reconnaissez la route du matin, vous vous rapprochez de l'hôtel, puis là, vous voyez le chauffeur accélérer et continuer tout droit. Vous vous dites alors : "hum, hum, bizarre, je pense qu'il ne va pas dans la bonne direction". Mais comment lui dire en arabe ? Oui parce que le chauffeur du taxi noir et blanc ne parle pas un mot d'anglais, qu'on se le dise. Et vous avec les 3 mots d'arabes que vous avez en tête, les conversations sont très très vite limitées.
En voyant votre tête, le chauffeur de taxi se dit qu'il n'est pas sur la bonne route, il vous dit quelque chose, mais vous le regardez avec une petite mou qui veut dire : "mais si seulement je comprenais ce que tu dis mon gars". Il s'arrête, se fait klaxonner parce qu'il gène, mais apparemment il s'en fout, repart, tourne à droite, s'arrête, demande son chemin, s'enfonce dans une petite rue. S'arrête 10 mètres plus loin pour redemander son chemin. Il prend votre carte, sort du taxi, discute avec 5 hommes pour être sûr d'avoir les bonnes indications. Ca fait déjà un quart d'heure que vous êtes dans le taxi. Vous trouvez ça encore assez comique et vous avez en plus le droit à une visite du quartier pour le même prix. Vous vous dites d'ailleurs, que demain après le boulot, c'est par ici qu'il faudra venir faire un tour. Il y a apparemment quelques bâtiments dont l'architecture vaut le détour.
Le chauffeur remonte en voiture, vous rend votre plan, fait marche arrière, tourne à droite, puis à gauche, récupère une grande artère, puis roule comme un taré… Vous avez à plusieurs reprises l'impression que vous allez mourir défoncé par une voiture arrivant sur le côté ou écrasé entre deux voitures car il n'y a pas assez de place pour passer. Mais non, ça passe, ça klaxonne, ça freine et ça repart. Là, vous en êtes à un point où le chauffeur a tellement tourné à droite, puis à gauche, et encore à gauche, puis à droite, que vous êtes un peu désorienté (en même temps vous n'êtes arrivé que la veille) et vous n'avez plus idée de l'endroit où vous êtes. Vous arrivez cependant à choper un ou deux noms de rues et à les repérer sur la carte. Quelques arrêts supplémentaires plus loin.. on en est au même point. Les hommes (bien sûr que des hommes) qui donnent des informations ont l'air hyper sûr d'eux (j'imagine la traduction : "tu vas tout droit, tu prends à droite, puis à gauche au bout de la rue et après c'est tout droit...).
L'arrêt pour demander son chemin à deux petits vieux édentés qui tiennent un étal de fruits dans la rue fut sans aucun doute le plus drôle. D'où ces deux petits vieux vont savoir où se trouve l'hôtel Al Horreya ? Notons aussi que dans la bouche du chauffeur de taxi le nom de l'hôtel ne ressemblait plus en rien au nom prononcé au début de cette aventure…Il inventait juste selon un vague souvenir de ce qui avait été dit 5 mn...17 mn... 30 mn plus tôt. En gros, il s'était fait son téléphone arabe tout seul.
Bref, nous voilà reparti dans la nuit, sur les routes d'Héliopolis quand Oh miracle, les bâtiments qui bordent la route ressemblent étrangement à ceux de la veille quand vous arriviez de l'aéroport. Vous n'êtes plus loin du but. Le taxi roule de plus belle, passe la rue de l'hôtel, roule, roule… Et là vous dites STOOOOOOOOOOOOP, et vous montrez en arrière (n'oubliez pas que vous ne pouvez toujours pas communiquer avec le taximan)… C'est là, c'est là……….. hiiiiiiiiiiiiiiiii..marche arrière sur une 3 voies qui fait largement office de 4 ou 5 voies. On tourne à droite, une rue plus loin que celle de l'hôtel, mais impossible de faire comprendre que l'hôtel est dans une rue parallèle, et là vous redites : "Ok. Stop". Ca fait 40 mn que vous roulez dans Héliopolis, vous avez trouvez ça drôle au début, mais là vous voulez juste que ça s'arrête … Vous sortez un billet de 5 livre égyptienne, le prix que ça aurait du coûter pour la distance originelle. Bien sûr, monsieur n'est pas d'accord et il vous explique avec des gestes qu'il a tourné en rond pendant un grand moment et qu'avec l'adresse en arabe ça aurait été plus simple. Oui, là-dessus, on est bien d'accord, mais pour le reste, c'est de sa faute s'il a tourné en rond dans le quartier pendant 40 mn. Vous sortez deux billets de 5, mais vous avez bien compris qu'il veut plus. Vous ne cédez pas, ce sera 10 ou rien. Vous posez les billets sur la banquette et vous sortez en étant bien content que ça soit fini…
Ah oui, je suis venue pour bosser à l'OMS, je vous en parlerai dans un prochain post.
Excellent !!! Thanks pour la ballade. Une bonne impression d'avoir passer les 40 minutes avec toi ;)
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